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On reste entre français. Pour cette version DS,
Etranges Libellules s'est adjoint un prestataire à la réputation assez
fragile : le petit studio Neko Entertainement. Une bonne manière de
laisser à d'autres la production et les idées tout en gardant un oeil
sur la qualité du projet. Et donc de proposer une copie bien
spécifique, propre à la machine qui l'accueille.Si Arthur sur consoles de salon lorgnait volontiers sur un Ico à
trois personnages teinté de beat'm all, cet effort sur portable laisse
apercevoir deux références évidentes : Wario Ware et Creature. Penchons
nous en premier lieu sur le versant party-game.
Des enchaînements express de minis-jeux très succincts sont regroupés
par séries, chacune étant placée sous la bannière d'un personnage. Il y
a 8 séries pour un total de 90 mini-jeux différents. Les premières
suites n'alignent qu'une dizaine d'exercices, et la session prend une à
deux minutes de jeu. A partir de la quatrième série, il faut accomplir
sans encombre vingt travaux. Par contre, contrairement à Wario Ware,
vous débloquez chaque cortège l'un après l'autre. Cette disposition est
intéressante pour motiver le joueur, surtout que la courbe de
difficulté est bien réglée et que certains mini-jeux sont quelquefois
sujets à des variations plus compliquées. Mais cette linéarité est un
peu mécanique. Le party-game
se révèle vraiment amusant quand il noie dès le départ le joueur sous
un déluge de mini-jeux et de séries différentes. Ici, pas de choix, pas
de risque, le joueur prend ce qu'on lui donne et ne découvre pas
vraiment par lui-même.
On y revient toujours, n'est-ce pas ?Ce
manque de folie est aussi probant dans la mise en forme, non pas
ludique, mais thématique, des mini-jeux. Si on s'en tient à la
consistance des manipulations, il n'y a pas grand-chose à jeter. Hormis
deux, trois repompes du casse-briques ou du memory pas franchement
utiles, l'ensemble exploite agréablement la console : tracer un trait
le long d'une route parcourue par une dense circulation, souffler pour
faire monter un mül-mül vers son conjoint, frotter des embryons de
pollen pour les diluer dans la nature, et ainsi de suite. Stylet,
micro, double-écran, les trois dispositifs maîtres de la portable sont
au moins aussi bien exploités que dans le Wario Ware. Mais l'amusement
reste confiné à l'exécution de ces mini-jeux, et ne résulte pas de leur
représentation. On sent qu'il y a derrière tout ça un cahier des
charges très frileux, pas question de délirer avec l'univers imaginé
par Patrice Garcia et Luc Besson. Reste une direction artistique
toujours aussi chaleureuse et soutenue par un rendu très propre. Mais,
décidément, le titre se montre bien trop prudent et c'est avec une
déception certaine que l'on constate l'absence de mode multijoueurs
autour de ce party-game. Et c'est là qu'intervient le versant Creature du titre.
Une petit boule de lumière vient de naitre, peut-être qu'un mortel s'est éteint sur notre terre ?Vous
pouvez prendre en charge un mül-mül, une de ces petites boules de suif
blanche dotées d'ailes de moucheron. Dans son enclos, la bestiole
réagit aux initiatives du joueur. Lui souffler dessus, la caresser, lui
parler, voilà en gros comment guider sa créature vers une maturation
convenable. Des aliments peuvent aussi lui être proposés, ces derniers
étant les récompenses de vos performances dans le party-game.
Toutes ces interactions conditionnent la nature et l'expérience du
petit insecte. Ce dernier grimpe de classe, développe certaines
caractéristiques, grandit et vieillit. Trop âgé à votre goût, l'animal
peut être relâché définitivement dans la nature. Mais veillez
auparavant à lui donner une descendance. Il est possible de le lier à
un mül-mül ordinateur ou à celui d'un autre joueur par le biais d'une
communication wi-fi ad hoc
(donc une carte du jeu par utilisateur). Deux petiots naîtront de cette
fusion amoureuse et chaque parent pourra emporter un des mioches. Ce
mode est assez soigné mais la gestion de l'animal et les interactions
sont bien moins développées que dans un Nintendogs. Cependant, la
possibilité de créer une véritable famille de mül-müls, dont chaque
génération hérite des attributs et les améliore davantage, offre une
profondeur nouvelle. Mais, encore une fois, vu que l'enrobage visuel et
sonore est choyé et ne laisse aucune part au détournement, il n'y a
aucune chance à pour que ceux qui s'ennuient devant cette vague et
gentillette rencontre entre Dark Crystal, Michael Ende et Gulliver
puissent y trouver le quelconque amusement face à un Creature ou un
Wario Ware Touched. Les amateurs du bouquin comme du film, eux,
apprécieront l'effort.
Les notes
Graphismes 14/20
Un travail accompli qui respecte l'enluminure du film. Alors que les
versions consoles de salon pouvaient s'avérer un peu trop chargées par
moments, la 2D présente dans les interfaces et les minis-jeux est
détaillée sans être fouillis. Le cocon du mül-mül est très chaleureux,
c'est toute la direction artistique du titre qui semble condensée dans
cet antre : jamais agressive, très propre, mais jamais vraiment
surprenante non plus.
Jouabilité 12/20
Parmi la cinquantaine de mini-jeux différents (si on enlève les
diverses variations), aucune faute de goût même si on peut relever deux
trois facilités. L'ensemble est varié, bien réalisé et utilise avec
brio le trio gagnant micro, double écran, stylet. Mais le poids de la
licence semble avoir pesé jusqu'à enlever la moindre improvisation, la
moindre folie quant à l'utilisation de l'univers Minimoys. Dommage, ça
manque d'humour et de second degré. Le mode élevage est à mi-chemin
entre Creature et Nintendogs. Léger, intuitif et mignon, cet after est
une bonne idée.
Durée de vie 10/20
Les 8 séries de mini-jeux s'épuisent en deux bonnes heures. Pas de
véritable mode deux joueurs mais il reste toujours la possibilité de se
piquer les plus beaux records. Le versant élevage peut vous retenir
régulièrement si vous vous attachez à la bestiole et sa descendance. La
possibilité de lier les mül-müls de deux joueurs reste sujette à une
communication wi-fi en ad hoc. C'est bêta, rien ne justifie vraiment
une telle exigence.
Bande son 14/20
La BO est originale et distince de celle du film, même si il s'agit
de variations plus ou moins prononcées. Un effort appréciable et mis en
oeuvre par des morceaux frais et sautillant., Les voix et les sons sont
issus du film, la restitution est très convenable. Rien à signaler,
c'est très soigné.
Scénario
Non significatif
Note Générale 13/20
On pourra crier au produit dérivé de trop, on pourra hurler Wario
Ware ! Creature ! Nintendogs ! Mais rien ne devrait perturber le fan,
tranquillement confiant, à raison. Arthur Et Les Minimoys sur DS,
party-game à 70 % et tamagotchi-like à 30, est rondement mené, mignon,
instinctif, même si vaguement routinier et frileux par rapport à la
franchise de Besson. Aucun risque, certes, un simple plaisir de Noël
comme un autre, rien de plus.
La note de la rédaction est une appréciation de la
qualité générale du jeu, mais n'est pas une moyenne arithmétique des
différents critères.
Source:jeuxvidéo.com